Les articles L.145-1 et suivants du Code de commerce ?

Les articles L. 145-1 et suivants du Code de commerce viennent définir les règles applicables aux baux commerciaux. Connaître leur contenu permet au bailleur et au locataire d’appréhender les règles applicables à leur contrat de location commerciale.
Estelle BOCCARA - Responsable du contenu juridique
Estelle BOCCARA
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Publié le :
2 novembre 2020
Temps de lecture :
7 min

Les articles L. 145-1 et suivants du Code de commerce

L'article L145-1 du code de commerce a pour principal objectif d’encadrer le statut des baux commerciaux afin de rétablir un équilibre entre le bailleur et le locataire. La Loi Pinel du 18 juin 2014 a renforcé les droits et les devoirs des locataires d’un bail commercial envers le bailleur. Le bailleur a aussi vu ses droits et obligations modifiés. 

Le contrat par lequel un bailleur loue à un preneur un immeuble dans lequel le preneur exploite une activité commerciale, artisanale ou industrielle est soumis au statut des baux commerciaux défini aux articles L. 145-1 et suivants du Code de commerce. 

Qui est concerné ?

Le chapitre V du Code de commerce relatif au bail commercial s’applique : 

  • Aux  baux des locaux ou d’immeubles exploités pour une activité professionnelle :  Elle peut être de type : commerciale, artisanale ou industrielle.  
  • Aux baux des terrains nus sur lesquels ont été édifiées des constructions à usage commercial, industriel ou artisanal : si élevées ou exploitées avec l’accord exprès du propriétaire.
  • Aux locations gérances.
  • Aux preneurs ou indivisaires de fonds de commerce ou fonds artisanal. 
  • Aux héritiers du locataire d’un local commercial.
  • Aux baux des locaux d'enseignement.
  • Aux baux consentis aux communes pour des immeubles ou affectés à des services exploités en régie.
  • Aux baux d’immeubles ou de locaux servant à l’activité des EPIC (entreprise publique à caractère industriel ou commercial) : à condition que les baux ne comportent pas d’emprise sur le domaine public. 
  • Aux baux des locaux ou immeubles appartenant à l'Etat, aux collectivités territoriales et aux établissements publics : si les locaux satisfont aux règles précédentes. 
  • Aux baux d'immeubles de sociétés coopératives ayant la forme commerciale, des sociétés coopératives de crédit, ou des caisses d'épargne et de prévoyance
  • Aux baux des locaux consentis à des artistes.
  • Aux baux d’un local affecté à un usage exclusivement professionnel

Le régime n’est toutefois pas applicable aux autorisations d’occupation précaire accordées par l’administration à la suite d’une déclaration d’utilité publique (dont la durée est incertaine). Il n’est pas non plus applicable aux baux emphytéotiques (sauf concernant la révision du loyer), aux baux à exploitation saisonnière, aux baux d’habitation, baux ruraux, baux professionnels (si le statut des baux commerciaux n’est pas choisi expressément), au crédit-bail, concessions immobilières, baux de moins de 2 ans (durée du bail inférieure à deux années) ainsi qu’aux baux à construire. 

La loi Pinel et ses avantages

La loi Pinel a modifié le champ d’application des contrats de location commerciale conclus à partir du 1er septembre 2014 ou dont le renouvellement est effectué à compter de cette date. 

  • Le bail précaire : Concernant les baux dérogatoires, ils peuvent à présent être de 3 ans contre 2 ans pour les baux conclus avant 2014 (date d’anniversaire du contrat). Attention, ce type de bail n’entre pas dans la catégorie des baux commerciaux  si les parties choisissent expressément de déroger au droit commun en vertu de l’article L145-5 du Code de commerce.

  • Congé : La loi Pinel permet au locataire de rompre son contrat tous les 3 ans avec un délai de prévenance obligatoire de 6 mois qui doit être fait par acte extrajudiciaire. On parle alors de congé délivré par le locataire pour mettre fin au bail commercial. Le congé est prévu à l'article L. 145-4 du Code de commerce et aux articles suivants du même code. 

  • Droit de préemption : Un droit de préemption revient au locataire en cas de vente du local loué. La vente des murs doit être signifiée par lettre  recommandée ou par une remise en main propre.  

  • Cession de droit au bail : Un avantage important pour le propriétaire, en cas de vente du droit au bail, le cédant restera solidaire du paiement des loyers durant 3 ans. Avant la Loi Pinel, le cédant restait solidaire jusqu’au terme du bail commercial. 

  • L’état des lieux : un état des lieux doit être établi contradictoirement entre le bailleur et le preneur au moment de la prise de possession des locaux. Un second état des lieux devra être établi dans les mêmes conditions au moment de la cession de droit au bail, cession du fonds à titre gratuit ou au moment de la restitution des locaux. Cet état des lieux pourra être fait à l’amiable ou par huissier de justice (alinéa 2 art L. 145-40-2 du Code de commerce).  L’obligation d’établir un état des lieux de prise de possession et de restitution des locaux est obligatoire pour les contrats conclus ou renouvelés à compter du 1er septembre 2014. Pour les contrats plus anciens l’état des lieux n’est qu’une simple faculté offertes aux preneurs et aux bailleurs. 

L’exploitation personnelle du fonds n’est pas obligatoire pour le locataire mais une clause du contrat peut prévoir le contraire. Il est possible d'insérer une clause résolutoire dans le bail commercial en cas de défaut d’exploitation personnelle du fonds.

Les dispositions issues de la loi Pinel sont applicables aux contrats conclus au 1er septembre 2014 ou ceux dont le renouvellement est fait à compter du 1er septembre ou postérieurement. 

À noter : L'article 1709 du Code civil prévoit que le louage de choses doit supposer le paiement d’un prix en contrepartie de la mise à disposition de la chose. Un prix doit nécessairement être fixé dans le contrat de location commerciale sous peine d’être requalifié en contrat de prêt à usage. Le prix peut être très faible si le preneur s’engage dans le bail commercial à effectuer des travaux par exemple ce qui viendrait compenser le prix modique du loyer.

Remarque : il est possible pour le locataire qui n’est pas soumis au statut des baux commerciaux de demander cette soumission de façon volontaire (activité civile ou statut non commerçant). Cette soumission a pour effet d’entraîner l’impossibilité de déroger aux règles d’ordre public que sont : le droit au renouvellement du bail commercial ainsi que le droit à l’indemnité d’éviction. Ces dispositions d’ordre public (droit au renouvellement + indemnité d’éviction) sont prévues à l’article L. 145-15 et à l’article L. 145-16 du Code de commerce. 

Attention : vous pourrez trouver sur internet des informations concernant ‘’ art L. 145 du Code de commerce ‘’ mais cet article n’existe pas. Le champ d’application du bail commercial débute à l’article L. 145-1 du Code de commerce le précédent article étant l’article L. 144-13 du Code de commerce relatif à la location-gérance. L’article L. 145-1 du Code de commerce définit le champ d’application du statut des baux commerciaux et les articles suivants définissent les règles applicables à ce statut.

Ce qu’il faut retenir des articles L. 145-1 et suivants du Code de commerce

Le bailleur et le locataire bénéficient désormais d’un socle composé d’articles du Code de commerce qui encadrent leur relation contractuelle. Ces dispositions ont pour effet de pérenniser leur relation et de prévenir d'éventuels litiges entre le bailleur et le locataire, parties au contrat. Le statut du bail commercial prévu par l’article L. 145-1 du Code de commerce ainsi que par les articles qui le suivent dans le même Code de commerce confèrent au bailleur et au locataire une marge de négociation dans la rédaction de leur bail commercial. Le statut des baux commerciaux prévoit toutefois certaines dispositions d’ordre public auxquelles le bailleur et le locataire ne peuvent déroger. L’objectif de ce mélange étant de préserver l’équilibre des relations tout en laissant une marge de manœuvre au bailleur ainsi qu’au locataire. 

Que vous soyez représentant d’une société, bailleur, locataire ou autre vous avez la possibilité de vous faire accompagner par un avocat à tous les stades de votre projet professionnel. Il pourra vous conseiller sur le droit applicable à votre situation et vous donner un véritable conseil personnalisé (questions relatives : au loyer, au renouvellement du bail commercial, à l’indemnité d’éviction, au statut, à la durée ou à la résiliation des baux commerciaux, au congé, durée du bail commercial et délais …). En cas de conflit, il pourra vous assister ou vous représenter devant le tribunal compétent ou la Cour compétente. 

Mise à jour le : 2 novembre 2020
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