L’impact de la Loi Pinel de 2014 sur le bail commercial

La Loi PINEL a modifié profondément les droits et obligations des parties dans le bail commercial. Avant la rédaction du bail, bailleur et locataire doivent s’informer sur les évolutions législatives et notamment la réglementation applicable au moment de la signature de leur bail afin de rédiger un bail conforme aux obligations légales.
Estelle BOCCARA - Responsable du contenu juridique
Estelle BOCCARA
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Publié le :
2 novembre 2020
Temps de lecture :
5 min

La loi Pinel sur le bail commercial

Un bail commercial est un contrat de location entre un propriétaire et un locataire qui exploite une activité commerciale, artisanale ou industrielle. Il existait peu de règles concernant la rédaction d’un bail commercial avant l’instauration de la Loi Pinel  du 18 juin 2014. 

Cette loi va permettre de réguler les baux de locaux commerciaux au profit des commerçants afin de protéger le paysage commercial français. La Loi Pinel va imposer des règles dans la rédaction des baux de locaux commerciaux en permettant de sécuriser les droits du locataire mais aussi, du bailleur tout en laissant une marge de négociation . Voici les nouveautés mises en place.

La durée du bail commercial classique et des baux précaires

Dans le cadre d’un bail commercial classique, la durée de location est de 9 ans. Le locataire possède la faculté de résilier son bail tous les 3 ans et sans motivation particulière. Le bailleur a la possibilité également de résilier le bail commercial à l’issue d’une période triennale en respectant un formalisme particulier prévu à l’article L. 145-4 du Code de commerce

Concernant les baux précaires, anciennement plafonnés à 2 ans, ils peuvent à présent durer 3 ans. À l’arrivée du terme, il ne sera pas possible de renouveler un bail précaire et le locataire sera soumis à la signature d’un bail classique. Cette modification est prévue au nouvel article L. 145-5 du Code de commerce. Ces dispositions sont applicables pour les baux de locaux commerciaux conclus ou renouvelés à partir du 1er septembre 2014.

Un état des lieux des charges et des travaux

Le nouvel article L. 145-40-2 du Code de commerce prévoit que l’état prévisionnel des travaux et l’inventaire des charges sont obligatoires pour les baux de locaux commerciaux conclus ou renouvelés à partir du 1er septembre 2014

  • Etat prévisionnel des travaux : Il est à présent obligatoire de mentionner les devoirs du bailleur et du locataire concernant les travaux et les charges liés au local loué. Les gros travaux concernant la mise en conformité du local sont à la charge exclusive du bailleur et sont encadrés par l'article 606 du Code civil. Un état des lieux des travaux réalisés et à venir doit être transmis au locataire afin de prouver sa bonne foi.  

  • Inventaire des charges : Le bailleur doit inclure au bail un inventaire précis de la répartition des charges liées au local commercial. Qu’il s’agisse de la taxe foncière, de la taxe des ordures ménagères ou bien, des dépenses en eau, tout doit être strictement mentionné pour éviter tout conflit. Toutes les dépenses doivent être justifiées annuellement afin que votre locataire puisse se prémunir d’une année à une autre.   

Un état des lieux d’entrée et de sortie doivent également obligatoirement être réalisés en vertu de l’article L. 145-40-1 du Code de commerce

La révision du loyer et le renouvellement du bail commercial

L’augmentation des loyers est à présent encadrée et l’indice de référence doit être signifié dans le bail commercial. Cette fluctuation peut être soumise à l’indice des loyers commerciaux (ILC) ou à l’indice des loyers des activités tertiaires (ILAT). L’indice applicable sera celui en lien avec l’activité du locataire. L’indice trimestriel du coût de la construction disparaît avec la Loi Pinel. 

Le déplafonnement des loyers ne peut plus entraîner une variation de plus de  10% par rapport au dernier loyer payé lors d’une révision triennale ou lors du renouvellement du bail. 

Le nouvel article L. 145-34 du Code de commerce qui encadre la révision du loyer prévoit ici encore que ces mesures s’appliquent aux baux de locaux conclus ou renouvelés à compter du 1er septembre 2014.

Les modalités de congé simplifiées

Pour mettre fin à un bail classique, le congé peut être désormais donné par lettre recommandée avec demande d’avis de réception ou par acte extrajudiciaire. Les deux parties ont le choix entre ces deux modes de dénonciation du bail. Cette option est prévue par le nouvel article L. 145-9 du Code de commerce

La dénonciation par LRAR permet de simplifier la demande de congé en évitant le recours à un huissier de justice. Cependant, dans le cas d’un renouvellement de bail, il sera toujours obligatoire de formuler la demande par un acte d’huissier. Un renouvellement de bail engage les 2 signataires sur un nouveau contrat de location de 9 ans et il est préférable que celui-ci soit bien encadré.

La garantie solidaire en cas de cession du droit au bail

Pour toute cession du droit au bail seul, le cédant pourra toujours rester « solidaire » au profit du repreneur. Deux nouvelles règles sont toutefois à respecter pour la validité de cette garantie : 

  • Le bailleur a 1 mois pour informer le cédant solidaire de tout défaut de paiement du locataire à compter la date à laquelle le loyer aurait dû être payé : articles L. 145-16-1 et suivants du Code de commerce.

  • La garantie ne peut être invoquée que durant les 3 années qui suivent la cession du bail : articles L. 145-16-2 et suivants du Code de commerce. 

À noter : cette clause n’est pas obligatoire, il s’agit d’une simple possibilité pour les parties. Cette garantie permet au bailleur de s’assurer la solidarité du cédant en cas d’impayés de la part du cessionnaire. Le cédant sera pendant cette durée tenu au paiement des loyers en cas de défaut de paiement du cessionnaire.

Le droit de préemption dans le cadre d’une vente

La Loi Pinel impose à tous les propriétaires désireux de vendre le local commercial loué, un droit de préemption au profit du locataire. 

En cas de vente du local commercial, le propriétaire doit obligatoirement informer le locataire par lettre recommandée avec demande d’avis de réception ou remise en main propre contre émargement du prix de cession et le droit de se positionner en priorité pour l’achat. Le locataire disposera d’un délai d’un mois à compter de la réception de cette offre pour se prononcer. Le nouvel article L. 145-46-1 du Code de commerce prévoit que ce droit de préemption est applicable aux cessions de locaux commerciaux à compter du 18 décembre 2014.

La Loi Pinel, un encadrement bienvenu et impératif

Avant la mise en place de la loi Pinel et sauf exceptions certaines clauses insérées dans le bail commercial n’étaient pas encadrées par le Code de commerce. Des abus notamment en défaveur du locataire survenaient dans certains cas. 

Afin d’éviter les conflits, la loi Pinel encadre désormais les principaux points clés du bail. Cette régulation permet ainsi d’établir un équilibre entre bailleur et locataire.

Infographie sur l'impact de la loi Pinel sur le bail commercial

À noter : que vous soyez un locataire professionnel ou un bailleur vous avez le droit de vous faire conseiller par un avocat. L’avocat pourra vous informer sur l’application et l’état du droit immobilier par rapport à votre bail commercial. Vous pourrez par exemple connaître le montant des taxes et impôts dont vous serez redevables en tant que preneur, vous pourrez obtenir des conseils quant à votre statut, à une clause particulière de votre contrat de location, à sa résiliation ou toute question d’ordre général sur votre entreprise.

Mise à jour le : 2 novembre 2020
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