Qu’est-ce qu’une caution ?

La souscription d’un contrat de cautionnement n’est pas obligatoire dans le cadre d’un bail commercial. Elle représente toutefois une garantie pour le bailleur pour se prémunir contre d’éventuels impayés de loyers de la part de son locataire.
Estelle BOCCARA - Responsable du contenu juridique
Estelle BOCCARA
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Publié le :
4 novembre 2020
Temps de lecture :
5 min

La caution dans le bail commercial

Le cautionnement est un contrat par lequel la caution accepte de se soumettre à un créancier afin de satisfaire à une obligation dans le cas où le débiteur n’y satisfait pas lui-même. 

Ce mécanisme est défini par l’article 2288 du Code civil. Il s’agit d’une garantie régulièrement utilisée dans le cadre d’un bail d’habitation mais également dans le cadre du bail commercial ou professionnel. 

Il arrive régulièrement que le bailleur d’un local commercial utilise cet acte pour garantir le paiement des loyers commerciaux.

Définition du cautionnement dans le bail commercial

Ce mécanisme regroupe deux acteurs : 

  • La caution : il s’agit de la personne qui s’engage à se soumettre au créancier à satisfaire à une obligation en cas de défaillance du débiteur. 

  • Le créancier : Il s’agit de la personne envers qui la caution s’est engagée à satisfaire à une obligation en cas de défaillance du débiteur. 

Le débiteur n’est pas partie au contrat il est tiers à ce contrat de cautionnement. Le terme de caution est utilisé à tort pour désigner en réalité le contrat de cautionnement. La caution désigne la personne qui se rend débitrice de cette obligation de garantie envers le créancier.

Attention : il ne faut pas confondre le cautionnement et le dépôt de garantie. 

  • Cautionnement : il s’agit d’un contrat entre une caution et un créancier. Cet engagement est formalisé et vient garantir la bonne exécution d’une obligation par le débiteur (exemple : loyer). 


  • Dépôt de garantie : il s’agit d’une somme d’argent versée en garantie (exemple : pour garantir le mobilier).

    Le contrat de cautionnement peut être civil ou commercial. Pour être commercial, il doit constituer un acte de commerce par nature. La jurisprudence considère que l’acte de cautionnement est un acte de commerce par nature (Com. 20 juill. 1981). La caractère commercial ou civil de ce contrat est important car il va avoir des conséquences. Lorsque le cautionnement est commercial : 
  • La solidarité est présumée : cela signifie que la caution est présumée solidaire. Elle ne bénéficie pas du bénéfice de discussion lui permettant de demander au bailleur d’exiger le paiement au débiteur avant de demander à la caution.
  • Les juridictions commerciales sont compétentes : pour connaître des actions relatives au cautionnement commercial en vertu de l’article L. 721-3 du Code de commerce.
  • Les clauses compromissoires peuvent s’appliquer : il s’agit d’un mode alternatif de règlement des litiges. Les parties s’engagent à travers cette clause à se soustraire aux juridictions nationales pour se soumettre à un arbitre. Ce type de clause s’applique fréquemment entre commerçants.

Les conditions du cautionnement dans le bail commercial

Les conditions de forme imposées aux cautions personnes physiques ne s’appliquent pas en matière commerciale. En effet, lorsque la caution est donnée par une commerçant, la preuve est libre comme le prévoit l'article L. 110-3 du Code de commerce

«  A l'égard des commerçants, les actes de commerce peuvent se prouver par tous moyens à moins qu'il n'en soit autrement disposé par la loi ». 

La caution se prouve par tout moyen étant donné qu’il s’agit d’un acte de commerce et que la loi ne prévoit pas de formalisme particulier pour cet acte. 

Attention : Lorsque le contrat de cautionnement est commercial mais que la caution n’est pas un commerçant, le contrat devra remplir le formalisme exigé pour les personnes physiques prévu aux articles 2288 et suivants du Code civil ainsi que les articles L. 341-1 et suivants du Code de la consommation.

Les effets du contrat de cautionnement dans le bail commercial

Le cautionnement est un contrat qui permet de garantir l’exécution d’une obligation à laquelle le débiteur est soumise. 

Ce type de garantie est très fréquent en matière commerciale. La caution peut être amenée ou non à être appelée : 

  • Si le débiteur exécute son obligation (le loyer commercial est payé) : la caution ne sera pas appelée. Elle aura une simple obligation de couverture. 

  • Si le débiteur n’exécute pas son obligation (le loyer commercial n’est pas payé) : la caution sera appelée, elle devra régler à la place du débiteur les loyers commerciaux. La caution commercial étant présumée solidaire, elle ne pourra bénéficier du bénéfice de discussion. Le bénéfice de discussion permet à la caution simple de demander au créancier qu’il exige le paiement au débiteur dans un premier temps.

Le sort de la caution en cas de cession du bail commercial

En cas de cession de droit au bail, il est important de prévoir des dispositions spécifiques dans le bail commercial concernant le locataire caution. 

Le bail commercial peut en effet comporter une clause spécifique prévoyant que le locataire reste garant solidaire des loyers de son cessionnaire en cas de cession de droit au bail. On parle alors de clause de garantie solidaire dans le bail commercial

Il est ainsi important de prévoir l’étendue de cette garantie afin que le locataire puisse ou non se libérer de cet engagement en cas de cession du bail commercial. La présence de cette clause ou non va nécessairement impacter la durée d’engagement de la caution.

L’essentiel à retenir sur la caution dans le bail commercial

Le contrat de cautionnement est un acte unilatéral permettant de garantir la bonne exécution d’une obligation par le débiteur. Cette garantie est fréquente en droit de l’immobilier commercial et parfois exigée systématiquement dans le cadre d’un bail commercial. En tant que commerçant vous pourrez régulièrement être confronté à cette demande de caution dans le cadre de votre contrat de location commerciale. 

À noter : vous avez le droit à un accompagnement juridique par un avocat que vous soyez bailleur, locataire, propriétaire ou entreprise. L’avocat pourra vous renseigner sur l’état du droit et vos obligations en droit de l’immobilier commercial. 

Mise à jour le : 4 novembre 2020
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